Prenons l’exemple d’un mannequin de mode. Quand le vêtements marque l’époque, donne le “la” d’une collection couvrant une durée éphémère bien circonscrite, le mannequin lui décline le mythe de l’éternité, ce double rapport au temps et à l’éternité…
Sur la photo, sur le podium, les visages qui “officient” le rituel n’existent qu’à être “hiératisés“, “idéalisés“. Pour figurer l'”intouchabilité“, signe manifeste de l’idée de beauté et d’éternité conjuguées, ils doivent apparaître vierges des marques du temps. C’est un corps qui est au-delà du corps. Un visage qui semble échapper aux contraintes de la matière.
Le visage des mannequins appartient d’une certaines façon aux dieux des Grecs ou des Égyptiens, dont la pureté et la beauté des formes ont traversé le temps. C’est en cela qu’il nous fascine et que, paradoxalement, il nous rassure, parce qu’il est porteur d’éternité. À l’instar des demi-dieux de l’Olympe, fruits d’une union avec les humains, ces visages, ces silhouettes évoluent dans notre monde, mais sur un plan qui reste inaccessible aux mortels : L’olympe pour les uns, le podium pour les autres….
Ils sont là pour être notre miroir, incarner l’extraordinaire au sens étymologique du terme. Une exigence esthétique, ils sont jeunes, très slaves, elles, ils incarnent un concept…
Dans notre société d’abondance et de malbouffe, il n’est pas étonnant que ce soit le corps débarrassé des excès de la matière qui triomphe. Santé et beauté comme vecteurs de l’éternité, une résurgence de la Grèce antique et de Rome, deux cultures qui ont façonné la nôtre et dans lesquelles l’exaltation du corps beau car en bonne santé.
Ce visage porte en lui la promesse de triompher de la maladie, de la vieillesse et même peut être de la mort… Une promesse à laquelle notre inconscient collectif aspire et que notre culture ne relaie plus.
Nous pouvons constater une corrélation entre les mannequins et les anges, tous jeunes, androgynes et partagent “l’ascétisme alimentaire, l’aura et l’aspect éthéré, lumineux de leur corps”.
Ainsi, les mannequins seraient “envoyés d’un dieu, le dieu de la Beauté, et passeurs entre l’ici et l’ailleurs, entre les vivants et les morts, le terre et le ciel”. Les silhouettes-anges font frémir notre fibre numineuse (un pressentiment qu’il existe un plus grand que l’humain) sans pourtant la combler tout à fait puisque nous savons qu’ils sont humains.
Si la grande messe avec ses officiantes que sont les mannequins, comble en nous l’enfant qui a besoin de merveilleux et qui trouve momentanément dans les contes de fées un apaisement à ses angoisses, alors je continuerais à les observer, à les admirer… Je vous invitent à faire pareils car l’expérience du beau, philosophiquement et spirituellement, peut élever l’âme en fuyant en avant face au temps qui passe… Même si des questions existentielles resteront sans réponses…
Quel rapport avec la médecine esthétique et la chirurgie ? Ce sont des arts qui nous donnent accès à quelque chose de plus grand… Une photo de l’époque que nous traversons, sans cesse en mouvement, avec l’explosion des connaissances scientifiques et médicales, la meilleurs compréhension des conséquences du vieillissement, pour assouvir tous les besoins, dans le but de perfectionner les formes le plus naturellement possible, améliorer la qualité de la peau, mais pas seulement comme nous la démontrer ce point de vue….
